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France : Puni par la justice pour refuser de trafiquer de la drogue !


Il s’évade du centre de détention pour échapper aux dealers emprisonnés

Un Tourangeau s’est évadé du centre de détention de Châteaudun pour échapper aux dealers emprisonnés qui voulaient lui faire entrer de la drogue.

La prison ne lui fait pas peur. Car Stéphane, un Tourangeau de 35 ans, n’est pas un novice, même si ses mains tremblent et qu’un voile de crainte affole sans arrêt son regard : « À force de cumuler les petites peines, j’ai dû purger pas loin de dix ans à Tours, Orléans, Fresnes, etc. Mais jamais je n’ai vécu ce que je vois à Châteaudun. Ce centre de détention, c’est un concentré de violences. Ce n’est pas la prison qui me fait peur. Ce sont les dealers à l’intérieur. Si je retourne là-bas, ils me tuent. »

Condamné à dix-huit mois ferme pour récidive de conduite en état d’ivresse, il a été incarcéré à Tours avant d’être transféré au centre de détention d’Eure-et-Loir, en avril : « Après mes permissions, je devais sortir avant la fin décembre avec un bracelet électronique. » Mais il s’est évadé le 21 novembre.

 « Les dealers tiennent la taule »

La loi assimile en effet à une évasion le fait de ne pas revenir à la prison après une permission. Il avait un bon de sortie de deux jours, comme une première fois, en octobre : « Comme je veux arrêter les conneries, j’ai travaillé et étudié en prison, et j’ai obtenu une équivalence CAP cuisine en collectivités. J’ai déjà un CAP de mécanicien. Cette première permission, c’était pour un rendez-vous pour du travail à ma sortie. Je suis rentré le jour J, à l’heure dite, à la prison. »

Mais avec la peur au ventre. Stéphane s’était fait tabasser quelques jours plus tôt lors de la promenade : « Des détenus m’ont massacré dans les toilettes. Trois tenaient la porte, deux se sont acharnés à coups de pied et de poing. Ils n’ont arrêté de cogner que lorsque mon front a éclaté sur un robinet et que le sang s’est mis à gicler. Ils avaient appris que j’allais bénéficier d’une permission, et me demandaient de leur rentrer du cannabis à mon retour. J’ai refusé, ils me l’ont fait payer. »
« Pas envie que ma femme et mes enfants  finissent dans un coffre de voiture »

 Il a cédé. Il admet être revenu de sa première permission avec 125 g de shit caché dans son rectum : « Ils se sont procuré le numéro de téléphone de ma compagne. J’ai deux enfants aussi. Ils m’ont prévenu “Tu n’as pas le choix. Sinon, on attrape ta famille”. Parce qu’à Châteaudun, les familles sont suivies jusque sur le parking pour leur mettre la pression. »

Sa compagne confirme : « Les dealers continuent à gérer leur trafic depuis la prison et ils se font livrer de la drogue. Quand je me gare sur le parking, on se faufile avec d’autres visiteurs derrière des poteaux pour ne pas se faire menacer. »

Des détenus sont régulièrement condamnés au tribunal de Chartres pour avoir été trouvés avec de la drogue à l’intérieur de la prison. Stéphane évalue : « Sur 600 détenus, il y a bien 200 trafiquants. » Pour sa deuxième permission, il avait rendez-vous.

 « C’est allé trop loin »

 « J’avais encore cédé aux coups et aux menaces. Comme d’autres. Je ne suis pas un cas isolé. Les dealers tiennent la taule, ceux qui résistent se font fracasser. Je devais récupérer la drogue sur le parking de la gare de Châteaudun. Mais les fournisseurs se sont fait arrêter sous mes yeux. J’ai pris peur. C’est allé trop loin. Je veux rentrer en prison finir ma peine. Mais on fait comment?? Si je retourne à Châteaudun, je suis mort. Et je n’ai pas envie que ma femme et mes enfants finissent dans un coffre de voiture. »

Il a proposé, via l’association Robin des lois, de purger son reliquat de peine dans un autre établissement. Refus, explique François Korber, délégué général de l’association : « Le procureur renvoie sur l’administration pénitentiaire, qui renvoie sur le procureur, etc. Au “mieux”, on lui propose d’être mis en cellule d’isolement à Châteaudun. Ce qui reviendrait à le punir pour avoir refusé de participer à un trafic de drogue. Un comble?! »

Alors, Stéphane est toujours en cavale, quitte à risquer trois ans de prison en plus : « J’étais à un mois de ma sortie, ma réinsertion était en marche, je veux finir ma peine pour en finir avec la justice. J’ai fait des conneries, c’est sûr, mais j’ai une compagne et des enfants. Si je suis un évadé, c’est pour sauver ma peau et la leur. »

Eric Moine (lechosrepublicain.fr)

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